Aller au contenu principal
Aller au contenu

L’épuisement accéléré des réserves mondiales de métaux : un défi majeur et immédiat pour notre société

Webinaire Métaux Green IT

Le collectif Green IT publie son étude sur l’état des réserves mondiales de métaux, révélant l’urgence d’une transition vers une économie sobre et résiliente.

Le Collectif a présenté ce 6 Octobre les résultats de son étude « État des réserves mondiales de métaux » qui dresse le bilan sur la disponibilité des ressources minières essentielles à nos technologies. Cette analyse révèle que les réserves rentables de la majorité des métaux critiques pourraient être épuisées en moins de 20 ans, mettant en péril notre modèle de société.

Alors que la demande explose – portée par le numérique, les véhicules électriques et les énergies renouvelables – cette étude souligne l’urgence d’agir pour éviter un effondrement de nos systèmes technologiques et industriels.


Des réserves en tension : un constat alarmant

Capture D'écran 2025 10 06 231443
Etat des réserves rentables de métaux à l’échelle mondiale en années de consommation

1. Des réserves insuffisantes pour répondre à la demande

L’étude met en lumière un constat inquiétant : les réserves rentables de 14 métaux critiques sont insuffisantes pour couvrir la demande future. Parmi eux, 6 métaux ont des réserves inférieures à 10 ans, et 8 autres ont des réserves inférieures à 15 ans. À titre d’exemple, l’antimoine, le lithium, le cobalt et l’étain pourraient être épuisés dès 2028-2029.

2. Une demande en explosion

La demande en métaux devrait doubler à quadrupler d’ici 2050, avec des pics encore plus élevés pour certains métaux comme le lithium (+37 fois) ou le cobalt (+6 fois). Cette croissance est principalement tirée par trois secteurs :

  • Les véhicules électriques
  • Les énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque)
  • Le numérique, dont la consommation en métaux pourrait augmenter de 59 % en France d’ici 2030.

3. Un délai d’exploitation incompatible avec les besoins

Il faut 15 à 20 ans pour découvrir un gisement et le rendre exploitable. Or, avec des réserves actuelles inférieures à 20 ans pour la plupart des métaux, il sera impossible de combler le déficit à temps.


Les limites de l’extractivisme

Évolution de la demande en métaux critiques (en Mt) induite par le scénario NGFS «Net
Zero by 2050», source : Miller et al. (2023)
Évolution de la demande en métaux critiques (en Mt) induite par le scénario NGFS «Net Zero by 2050», source : Miller et al. (2023)

1. Un impact social et environnemental catastrophique

L’ouverture de nouvelles mines aggraverait la crise climatique et aurait des conséquences dramatiques pour les populations locales. Selon le GIEC, les émissions de gaz à effet de serre doivent atteindre leur pic en 2025 et être divisées par deux d’ici 2030. Pourtant, l’extractivisme ne se contente pas d’accélérer le réchauffement climatique : il détruit les écosystèmes, pollue les sols et les cours d’eau, et menace la santé des communautés vivant à proximité des sites miniers.

Les conditions d’extraction sont souvent dangereuses et précaires, avec des travailleurs exposés à des risques sanitaires majeurs (maladies pulmonaires, intoxications aux métaux lourds, etc.). De plus, l’exploitation minière génère des conflits d’usage de l’eau : les mines consomment des millions de litres d’eau, privant les populations locales d’accès à cette ressource vitale. Enfin, les tensions autour des ressources minières alimentent des conflits armés et des déplacements forcés, comme on l’observe en Afrique ou en Amérique latine.

2. Une solution géopolitiquement inefficace

Les réserves et les capacités de traitement des métaux sont fortement concentrées dans quelques pays, notamment la Chine. Les tensions géopolitiques actuelles montrent que les grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine) utilisent tous les moyens – y compris la guerre ou la pression économique – pour sécuriser ces ressources. Dans ce contexte, les solutions locales ou européennes restent marginales face à ces géants, et les pays occidentaux se retrouvent dépendants de chaînes d’approvisionnement souvent opaques.

Pire : cette course aux métaux exacerbe les inégalités, en laissant les pays producteurs supporter les coûts environnementaux et sociaux, tandis que les bénéfices économiques profitent principalement aux pays consommateurs.


Les recommandations : vers une sobriété technologique

Face à cette crise imminente, l’étude propose trois actions prioritaires :

1. Déployer un plan de sobriété « métaux »

Réduire la consommation de métaux en :

  • Allongeant la durée de vie des équipements
  • Favorisant la réparation et le recyclage
  • Remplaçant les matériaux critiques par des alternatives

2. Constituer des stocks stratégiques

L’Europe doit sécuriser ses approvisionnements en créant des réserves tampons pour les métaux critiques, comme elle le fait déjà pour les hydrocarbures.

3. Développer la slow.tech

Cette approche vise à remplacer progressivement les technologies high-tech par des alternatives low-tech. Par exemple, privilégier les SMS aux applications 5G permet de réduire la consommation de métaux et d’allonger la durée de vie des équipements.


Conclusion : un changement de paradigme nécessaire

L’étude Green IT sonne l’alarme : sans une action immédiate, les pénuries de métaux deviendront chroniques, avec des conséquences économiques, sociales et environnementales dramatiques. La solution ne réside pas dans l’extractivisme, mais dans une réduction drastique de notre dépendance technologique et une transition vers des modèles plus sobres et durables.